Premières missions
Le premier
embarquement d’Armand de SAINT FELIX se fait comme Garde de la Marine
sur le garde-côte HERMIONE,
dont il commande un détachement dès la seconde campagne.
En 1758, il embarque sur le vaisseau de 64 canons Le
CELEBRE
qui coule au Canada devant DUISBOURG. SAINT FELIX est fait prisonnier
puis échangé en 1759. Il navigue encore au Canada
à bord des frégates La
POMONE (30 canons) et Le ZEPHIR.
En
1758, il participe comme enseigne de vaisseau sur la corvette CALYPSO (16 canons) à un combat contre la frégate anglaise LEGEND.
Il effectue des surveillances le long de la côte bretonne
avant d’assister à la déroute de la bataille
des Cardinaux (ou bataille de Belle Isle) le 20 novembre 1759 au cours de laquelle La CALYPSO parvient
à se réfugier dans la Vilaine. Sa famille le croit
mort et porte son deuil lorsqu'il vient la rejoindre, profitant
d'un congé mérité.
En 1761, il est à bord de la frégate L’AIGRETTE (30 canons) puis, en 1762 et 1763, sur le vaisseau NORTHUMBERLAND (74 canons). Il sert sur La NORMANDE et sur La BALANCE
avec le baron d’ASSAS pour relever les vaisseaux coulés
dans le port de La Martinique. Son bâtiment qui était
âgé et avait beaucoup souffert dans le travail coule
lui-même dans la traversée, et l'équipage est
heureusement sauvé le 17 janvier 1768 par le navire l'UNION qui
transporte le régiment de Vermandois. SAINT FELIX retrouve
à son bord un de ses compatriotes et amis, Monsieur d'ALBARET.
Il suit M. d’ASSAS sur
l’aviso L’EXPERIENCE et la flûte La NOURRICE
avec lequel il fait une longue et difficile traversée vers l’Ile
Maurice (Ile de France) en passant par le Brésil. Il est alors mis à la disposition des gouverneurs
généraux des Iles de France, Bourbon (La Réunion) et
dépendances, le Chevalier des ROCHES et le Chevalier de TERNAY.
Quelques temps plus tard, il mène une expédition avec la
corvette l’HEURE DU BERGER et le brick La CURIEUSE à
la recherche d'une île que le navigateur hollandais LINSCHOT
(Jean-Hughes Van LINSCHOOTEN) prétendait avoir découvert
en 1638, et qu'il avait nommé Ile de Saint
Jean de Lisbonne. De nombreuses histoires ont circulé à
son sujet et justifié plusieurs expéditions; elle figure
depuis sur toutes les cartes marines. Le capitaine SORNIN
prétend l'avoir vu le 1er mai 1772 par 26°30 Sud et
63°50 Ouest du
méridien de Paris au milieu d'une affreuse tourmente qui
l'empêche d'y aborder. Les progrès de la
navigation permettent depuis peu de lever les doutes à son
sujet, et le Chevallier des ROCHES demande à SAINT FELIX de s'assurer de son existence.
SAINT FELIX
quitte Port Louis le 26 juin 1772 et ne reviendra que le 19 octobre. En
90 jours de mer, il effectue 77 observations astronomiques pour la
longitude (de 51°40 jusqu'à 72°21) et 80 pour la
latitude (de 20°16 jusqu'à 28° Sud), les deux
bâtiments se tenant
à trois lieues de distance pour chaque observation. On crie
"Terre" plusieurs fois, mais on ne voit jamais que des nuages
trompeurs et quelques
algues dérivantes. SAINT FELIX doit s'arrêter 3 semaines
à Madagascar pour réparer ses avaries avant de retourner
à l'Ile Maurice. Depuis cette expédition, l'Ile de Saint
Jean de Lisbonne ne figure plus sur
les cartes marines. Ces observations provoquent cependant une grande
déception en France. D’autres expéditions
semblables se
renouvelleront jusqu’en 1806 et confirmeront les
conclusions de SAINT FELIX.
Il est promu Lieutenant de Vaisseau en 72 à 34 ans.
On
le retrouve en 1774, chargé d’une mission assez
particulière : celle de conduire à Madagascar, où
le gouvernement royal l'a chargé de fonder une colonie, un
certain BENIOWSKI,
aventurier hongrois accompagné de sa troupe de 400 à 500
hommes. Durant la traversée, BENIOWSKI et ses hommes essaient de
s’emparer de la corvette Le DESFORGES.
SAINT FELIX eu à la fois assez d’énergie et d’adresse
pour mater la révolte sans se brouiller avec celui qui l’avait
fomentée. C'est un premier succès personnel qui est
vivement apprécié par le commandant général
des Iles Mascareignes, le chevalier de
TERNAY.
En
remerciement, et pour améliorer les finances du jeune officier
qui était sous ses ordres depuis quatre ans, TERNAY recommande
SAINT FELIX au gouverneur de Pondichery, Monsieur de LAURISTON. Il est
alors chargé de contrôler, comme officier public de
l'administration de la marine, les ventes et chargements pour le
commerce maritime, et d'effectuer les achats nécessaires pour le
compte de cette administration. Avec la
flûte Le COROMANDEL, utilisée pour la surveillance et les rapports entre l’Ile de France et
Pondichéry, il protège les intérêts du commerce
français et visite les comptoirs.
Il
se fait remarquer pour avoir répondu avec fermeté au
Commandant d’un fort anglais à Bousbougia, à
proximité de la ville actuelle de Calcutta. Celui-ci ne veut pas
qu’un bateau français mouille devant le port et menace la
flûte de ses batteries. SAINT FELIX effectue une manœuvre
hardie
et répond à la force par la force. Il fait charger les
canons et place son bâtiment pour faire feu. Devant sa
fermeté, les anglais acceptent de laisser le passage libre aux
bateaux français. Quelques mois plus tard, il somme le
gouverneur anglais de Masuliputnam de restituer les taxes injustement
perçues auprès des français, le prévenant
qu'en cas de refus, il irait l'épée à la main et
avec les vingt français qui constituent son escorte, enfoncer la porte de la
douane, en biffer les registres et reprendre les sommes injustement
perçues. HOWTILL, gouverneur de Masuliputnam, convoque alors son
conseil le matin à 6h30 pour une
séance mémorable qui se prolonge jusqu'à 21 heure.
Il fini par restituer les droits perçus et s'engage à
renoncer à ces extorsions. SAINT FELIX
reçoit les éloges des anglais eux-mêmes,
lassés par cette corruption qui les concerne également
dans une moindre mesure.
A son retour à l'Ile Maurice, il prend le commandement de la
corvette ATALANTE
pour une nouvelle et brève mission vers Pondichery. En effet,
Monsieur de LAURISTON souhaite faire un nouvel établissement en
mer rouge, mais doit rapidement y renoncer, se contentant de renforcer
la garnison de Mahé.
Par l'intermédiaire de Monsieur de TERNAY, SAINT FELIX épouse alors une jeune et riche
héritière de L’Ile Maurice, Marie Anne du GUERMEUR de PENHOET, mais doit embarquer
aussitôt après sur La BELLE POULE
pour revenir vers la France qui entre à nouveau en guerre
contre son ennemi « naturel ».
Il sert alors comme Lieutenant sur Le SOLITAIRE (64 canons) commandé par Monsieur de BRIQUEVILLE, puis comme Major de Vaisseau sur Le SAINT ESPRIT
(80) sous les ordres, à nouveau, de Monsieur de TERNAY. Ils
participent ensemble à la bataille d’Ouessant le 27
juillet 1778 opposant 27 vaisseaux français sous le commandement
du comte d'ORVILLIER à 30 bâtiments anglais. A la suite de
cette victoire, SAINT FELIX est affecté à l'escadre du
comte d'ORVILLIERS en 1779.
Il embarque ensuite sur Le PROTHEE
(64) avec Monsieur du CHILLEAU . En escortant un convoi de 11 navires
de commerce avec seulement 2 vaisseaux de ligne, ils rencontrent le 23
février 1780 l’importante escadre anglaise de la Manche
dirigée par l’Amiral DIGBY qui revient de Gibraltar
après
sa victoire au CAP SAINT VINCENT sur les Espagnols au cours de la
célèbre Bataille au Clair de Lune (Moonlight Battle). Le
combat est bien
mené, et les anglais ne peuvent capturer que trois navires de
commerce en plus du PROTHEE
qui s’est sacrifié pour cela, conformément aux consignes
en vigueur. SAINT FELIX bénéficie peut après d’un
échange de prisonniers.
En 1780 et 1781, il est chargé du commandement de la
frégate L’ASTREE pour croiser dans le Golfe de Gascogne, puis de L’AMAZONE pour inspecter les bâtiments de commerce mouillés entre Saint
Brieuc et Bordeaux en prévision de missions ultérieures.
Pour aller plus loin…
http://echo.levillage.org/281/5538.cbb L’équipement des vaisseaux français et anglais
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