L’enfance de Armand de SAINT FELIX


              Armand Philippe Germain II de SAINT FELIX, né le 20 septembre 1737 au château de Cajarc en Albigeois près du village des Cabannes (Tarn), est le 15ème enfant, et le 5éme fils, de Armand Philippe Germain I, comte de SAINT FELIX, Baron de MAUREMONT et de CAJARC, et de Marie COTTET qu’il avait épousée en 1718.
      
      C’est un enfant généreux de nature, sans instruction théorique profonde, mais ferme et inébranlable dans ses positions, prenant rapidement l’ascendant sur ses camarades. « Avec autant de prudence que de valeur militaire, il n’était impropre qu’au métier de courtisan ».
      
      Très tôt, Armand déplore le dénuement moral dans lequel il vit où ses rares loisirs consistent à affronter les enfants de la ville voisine de Cordes à la tête d’une bande du village de Corrompis.  Il recherche l’aventure, inspiré par le formidable destin outre-mer de la famille de Rigaud originaire de Vaudreuil en Lauragais, et en premier lieu  Philippe de RIGAUD (1643, 1725) , ses fils Louis Philippe,  François Pierre et Pierre, et son petit fils Louis Philippe.
      
      Habitant alors dans la région d'Albi, on peut également penser qu’il a alors connaissance de la réussite de Pierre Jacques TAFFANEL de La JONQUIERE (1685 – 1752) et son neveu Clément TAFFANEL (1706 – 1795)  originaires de cette région, comme plus tard Jean François de GALAUP de LAPEROUSE (1741 – 1788) avec qui il partagera de nombreuses aventures, Henry Pascal de ROCHEGUDE (1741 – 1834) et Louis Thomas VILLARET de JOYEUSE, originaire de Auch.
      
      Un matin d’octobre 1749, à 12 ans, il quitte subrepticement le château de CAJARC et prend résolument la route de Paris n’ayant en poche que 12 livres que lui a données secrètement sa mère. Il déjoue les contrôles de la police lancée à sa recherche et, ayant atteint Orléans, rencontre un groupe d’officiers du roi. L’un de ceux-ci l’ayant examiné est frappé par la ressemblance de l’enfant avec un de leurs camarades, Joseph de SAINT FELIX, officier aux Chevaux Légers, un des frères d'Armand. Ses nouveaux amis lui procurent un cheval avec lequel il fait, quelques jours après, son entrée dans Paris.
      
      Un autre de ses frères, Henri Paul Emmanuel, qui sert en qualité de page dans la maison de Mademoiselle de CHAROLAIS, petite fille de Louis XIV et du grand CONDE, obtient bientôt pour son cadet un emploi dans le même service. L'extraordinaire aventure de cet enfant fait l'objet d'un récit dans La Gazette de France.
     
      Quelques semaines après, le jeune homme connait l’exceptionnelle faveur d’être présenté au Roi Louis XV. On comprend l’émotion qu’il manifeste lorsqu’un carrosse des écuries royales va le quérir à son domicile.
      
      Au château, le Roi interroge : «  Que ferons-nous de cet enfant ? ». « Je serai marin », répond le jeune audacieux, « s’il plait à Dieu et à Vôtre Majesté ».
      
      Cinq ans après, le 11 décembre 1755, le jeune SAINT FELIX fait à 18 ans son entrée dans la Marine Royale, dans des conditions qui n’ont pourtant rien de facile. Il est alors dénué de ressource et ne bénéficie d'aucun soutien familial; il ne vit que de sa maigre solde et doit se contenter souvent de pain et d'eau qu'il partage avec l'équipage.


Retour à l'accueil                                                                                                                        Suivant : Premières missions