Les SAINT FELIX et MAUREMONT
D’après
la tradition, la maison de Saint Félix descend d’une ancienne
famille d’origine normande issue d’un rejeton de celle de Tancrède
de HAUTEVILLE
(985 – 1041) dont les fils ont conquis
l’Italie au XIème siècle. Sa combativité et son influence dans le Languedoc inquiéta
longtemps les rois de France, dont Louis IX et Philippe le Hardi.
Cette puissante
famille s’implanta dans la région de Montpellier dont elle avait les principales seigneuries. Au XVème
siècle, les Saint Félix étaient notamment
Seigneurs de Frontignan, Assas, Montferrier, Saussan, Clapiers, La
Pailhade, Castelnau, Saint Aunès, Candillargues et Aussargues, et possédaient une saline à Aigues Mortes.
En 1443,
Armand de SAINT FELIX était Bailly Royal de Montpellier lorsque Jacques COEUR s'y établit pour développer son commerce. Son fils, Brémond de SAINT FELIX, docteur en
droit, devint premier conseiller au Parlement de Toulouse en 1464. Le
petit fils de Brémond, François
de SAINT FELIX, Capitoul
de Toulouse, épousa le 9 juin 1524 Antoinette de PUYBUSQUE,
fille de Jean de PUYBUSQUE, Seigneur de Maurémont et de Mons
dans le Lauragais.
Le
fief de Maurémont appartenait d’abord aux VARAGNE-GARDOUCH sous
les Comtes de Toulouse. En 1350, Anne de VARAGNE-GARDOUCH épousa
Pons de PUYBUSQUE et lui apporta en dot le fief de Maurémont. Il
s’agissant d’un chef de fiefs sur de nombreuses châtellenies,
issu d’une ancienne place forte des chevaliers Hospitaliers. En 1391,
le fief voisin des Varennes passe comme indemnité de guerre des
CHATEAU-VERDUN aux PUYBUSQUE.
Lors de son mariage avec François de SAINT FELIX, Baron de
Clapiers et de Montpezat, Seigneur d’Aussargues, etc….,
Antoinette de PUYBUSQUE, fille de Jean de PUYBUSQUE et de
Béatrice de MORLHON, apportait trente-trois châtellenies
en dot. Jean de PUYBUSQUE étant mort en 1531 sans avoir de fils,
c’est Antoinette, l’aînée des filles, qui eut
Maurémont. Leur fils aîné, Germain, épousa
le 9 octobre 1565 Jeanne de CAJARC qui apporta à la famille le
château de CAJARC, près de Cordes, où naquit le
futur amiral.
François de SAINT FELIX, époux
d’Antoinette, fit construire à Maurémont le château
actuel en 1552. Il reste de cette construction la tour du levant et la
partie de la façade qui s’y joint au midi ; on y retrouve le
même appareil de briques. Du XVI ème siècle, il
subsiste aujourd’hui une salle voûtée formant cave sous la
tour et, au dessus, une pièce voûtée à
quatre arêtes en plein cintre.
En 1571, au partage de l’héritage de François de SAINT
FELIX, l’aîné des fils, Germain, eut Maurémont,
tandis que Claude, le second, eut le fief des Varennes où il fit
construire un château sur le
modèle de celui de Maurémont séparé de
quelques kilomètres. Il est à l'origine d'une branche
cadette qui donnera plusieurs capitouls et des commandeurs de Malte,
dont deux capitaines de vaisseaux contemporains d'Armand de SAINT
FELIX.
Germain de
SAINT FELIX, Colonel de la Légion du Languedoc, mourut en 1686
et le château revint à Jean de SAINT FELIX, fils
aîné de Germain et de Jeanne de CAJARC. En 1587, le
château était intact avec une seconde tour à
l’autre extrémité de la grande façade Sud.
Un document authentique de cette date indique qu’il existait dans
le
château une garnison catholique. Elle raconte que le lundi de la
Pentecôte 1587, pendant la messe, une bande de huguenots venant
de La Bastide- Beauvoir commandée par le terrible Comte
d’ANJOU,
se présente à la porte de l’église. Ils
déchargèrent leurs arquebuses ; il y a des blessés
et des morts. On se barricade dans l’église avec les bancs
et les
chaises. Les arquebusiers du château forcent les assaillants
à se retirer. La bande va chercher du renfort à La
Bastide-Beauvoir et revient attaquer l’église par
l’autre
côté. Les assaillants s’enfuient du
côté du
château et l’église est pillée.
Quelques années après, Jean de SAINT
FELIX, imitant son frère Raimond, passe au protestantisme. Ils
sont très liés avec l'amiral de COLIGNY. Raimond, gouverneur de Mazères, est
tué au
siège du Mas d’Azil en 1621. Leurs biens sont confisqués par RICHELIEU et le château de
Maurémont démantelé. C’est
à ce moment que fût sans doute démolie la tour de
l’Ouest regardant le village. Il en résultera une
période de décadence pour la Maison de SAINT FELIX.
Philippe de SAINT FELIX, né en 1610, fils de
Jean et de Louise de LOUPIAC, épouse le 23 avril 1628 Jeanne de
SAINT JEAN de THURIN qui ramène son mari à la religion
catholique. Cela lui permit de rentrer en possession d’une partie de
ses biens en 1632 grâce à la protection de Henri de
MONTMORENCY. Un jugement de Monsieur de BEZONS, Intendant du Languedoc,
en date du 22 septembre 1669, le maintient dans sa noblesse. Le
château de Maurémont fût remis peu à peu en
état et transformé.
La disposition actuelle est postérieure
à 1660. Les fenêtres perdent leurs meneaux; on
établit la grande galerie. C’est le seul château du
Lauragais qui possède une galerie aussi importante. Les
changements
d’assises, les variétés des briques et des encadrements
sur la façade Sud indiquent que la restauration s’est faite en
plusieurs fois, à des époques
différentes. Francois II de SAINT-FELIX, qui succéda
à son père mort en 1673, puis son fils Armand Philippe
Germain I, Comte de SAINT FELIX et Baron de Maurémont
et de Cajarc, ont dû contribuer à ces restaurations. Seule
la façade sur la cour est de même style, postérieur
au XVIIème siècle. Une partie des fossés,
correspondant à la terrasse de la façade Sud du
château, a été comblée. Un cadastre de 1636
signalait en effet le château entouré d’eau de tous
côtés.
Armand Philippe Germain I de SAINT FELIX fit, en
Espagne, la campagne de la Régence contre Philippe V
(1718-1720). Il épousa en 1718 Marie COTTET dont il eut de
nombreux enfants. Il hérita de son frère
aîné, Jean André Michel, mort sans
postérité en 1752. Habitant à Cajarc, il
s’installa alors à Maurémont.
Ses
quatre premiers fils n’eurent pas de postérité. C’est le
cinquième fils, Armand Philippe Germain II que nous appellerons
ici Armand de SAINT FELIX, Marquis de Maurémont et Vice-amiral
des Armées Navales, qui va continuer la descendance. Il
fît construire l’aile du château du côté du
village et le grand escalier. La tradition de famille rapporte qu’il
demanda à ses enfants s’il devait faire une tour pareille
à celle du levant ou un grand escalier au bout des deux
galeries. On opta finalement pour un escalier unique dont
l’énorme cage clôture le château à
l’Ouest.
Son
arrière petite fille, Berthe de SAINT FELIX (1857 – 1933)
hérita du château de Maurémont. Elle avait
épousé Ernest Henri de RIGAUD, d’une des plus anciennes et illustres familles du Lauragais. Ainsi,
Maurémont est passé d’abord des VARAGNE-GARDOUCHE aux
PUYBUSQUE en 1350, puis des PUYBUSQUE aux SAINT FELIX en 1524, et enfin
des SAINT FELIX aux RIGAUD en 1878.
Pour aller plus loin…
la Maison de Saint Félix à travers 800 ans d'Histoire généalogie illustrée d'une famille languedocienne
Présentation des Capitouls de Toulouse
Généalogie
et Recherche dans le nord du Lauragais
Un travail de recherche exemplaire, qui oublie cependant l'influence déterminente
de la noblesse dans le développement du pays de cocagne
Les chateaux du pastel en Lauragais
Retour à l'accueil
Suivant : L'enfance de Armand de Saint félix